La pêche à Fécamp entre les années 1950 et les années 2020 a connu des transformations significatives, marquées par une période d’apogée suivie d’un déclin et d’une tentative de reconversion.
- Apogée et diversification (1945-1960)
- Déclin de la grande pêche et transition difficile (1960-1970)
- Reconversion et difficultés (1970-1980)
- Fin de la grande pêche et difficultés économiques et sociales (1980-1990)
- Gestion des ressources et préoccupations environnementales (2010 à 2025)
Apogée et diversification (1945-1960)
La période de 1945 à 1960 est une phase de transition pour la pêche à Fécamp, marquée par la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale et des évolutions dans les pratiques de pêche, tout en conservant sa tradition de port morutier. Les infrastructures portuaires de Fécamp ont subi des transformations importantes pour moderniser le port. Cependant, cette période a aussi révélé des limites dans la capacité du port à s’adapter aux nouvelles réalités économiques et techniques.
La pêche
Immédiatement après la guerre, Fécamp s’est efforcée de reconstruire sa flotte de pêche, qui avait été en grande partie détruite ou réquisitionnée pendant le conflit. En 1945, le port s’adapte rapidement pour relancer la production, la pêche est fructueuse, et la demande est forte. Dans les années 1950, Fécamp a vu une augmentation du nombre de chalutiers, y compris des chalutiers en acier de plus de 200 tonneaux. Le port comptait également des chalutiers pour la pêche fraîche et la pêche hauturière, ainsi que des drifters et des unités de petite pêche.
Pêche à la morue
Fécamp est resté un port important pour la pêche à la morue. En 1950, les apports de pêche fraîche, hareng frais et salé, morue salée, huile de foie de morue ont atteint un total de 19 819 221 kg. Ces chiffres montrent l’importance de la pêche pour l’économie locale. En 1960, le port a enregistré des apports de 23 780 tonnes de morue, un chiffre légèrement supérieur à celui de 1959. La pêche à la morue était l’activité principale du port et justifiait les aménagements portuaires. Fécamp était considéré comme le premier port de pêche à la morue de France en termes de nombre de bateaux et de tonnage débarqué. Malgré des apports importants, le marché français absorbait difficilement le gros poisson (filets). Le problème de la taille des prises était considéré comme grave.
Développement de la pêche fraîche
Bien que la pêche à la morue ait été dominante, Fécamp a également développé la pêche fraîche après la guerre. En 1947, les armateurs ont équipé leurs navires d’installations frigorifiques pour ramener du poisson de marée des lieux de pêche éloignés. Des unités de moyen tonnage ramenaient du hareng frais et de la morue fraîche en quantité, dépassant les rendements de Dieppe. Fécamp était en concurrence avec Dieppe, notamment pour la pêche fraîche, car Dieppe avait des liaisons ferroviaires plus rapides avec Paris. Boulogne restait un concurrent important pour l’ensemble des pêches.Une nouvelle activité s’est développée avec la pêche fraîche, qui a complété la tradition de la morue salée et du hareng saur. En 1947, Fécamp a dépassé les rendements du port de Dieppe avec 10 500 tonnes de morue, 7 675 tonnes de harengs frais et 1 939 tonnes de harengs salés.
Progression du commerce maritime
En plus de la pêche, Fécamp était aussi un port de commerce avec un trafic en progression. Le port a conservé sa physionomie traditionnelle, tant par son importance globale que par sa structure, avec un trafic comparable à celui de 1938. Les installations portuaires de Fécamp ont été gravement endommagées par les bombardements alliés et les destructions opérées par les Allemands. Il a fallu procéder au déminage, au déblaiement des passes et à la réparation de l’écluse Freycinet. Plus de 30 000 tonnes de débris ont été enlevées des passes. Les quais ont été déblayés, les ponts reconstruits et les deux phares relevés. Les grues électriques ont été réparées. Des travaux de rempiètement et d’aménagement du quai Sadi-Carnot ont été effectués, ainsi que le dragage et l’approfondissement du bassin Bérigny.
Les aménagements du port
La Chambre de Commerce, concessionnaire de l’outillage du port, peut mettre à la disposition des usagers sept grues électriques de 3 tonnes, de cinq grues automobiles, d’un slipway pour la mise à sec des navires de pêche, d’un pont-bascule de 40 tonnes, d’un parc de stockage du charbon, de cabestans et d’un réseau électrique. Un projet de construction d’une voie de chemin de fer sur le quai Sadi-Carnot a été envisagé. Malgré ces améliorations, le port a conservé certaines limites, notamment la taille des écluses qui empêchaient l’accès aux grands navires. Le port est resté celui de Freycinet, avec des limites empêchant l’accès des navires de plus de 100 mètres de long et de plus de 5 000 à 6 000 tonnes. Ces limites ont eu un impact sur la capacité du port à évoluer avec les nouvelles tendances de la pêche.
Les expéditions par détail ont diminué, tandis que les expéditions de wagons ont augmenté. Les installations portuaires ont subi un chômage important pendant plus de six mois par an et n’étaient utilisées à plein rendement que pendant quatre mois environ, pendant les périodes de livraison des chalutiers de grande pêche et pendant la période hivernale de remise en état des navires.
Conclusion
En résumé, la période de 1945 à 1960 a été une période de consolidation pour Fécamp, où le port a su se reconstruire et maintenir sa position de leader dans la pêche à la morue, tout en développant de nouvelles activités comme la pêche fraîche. Cependant, des difficultés liées au marché et à la concurrence commençaient à se faire sentir, annonçant les défis des décennies suivantes. Le port de Fécamp a bénéficié d’une reconstruction et d’une modernisation, mais il a également souffert de certaines limites structurelles et d’un manque d’adaptation aux nouvelles exigences du marché de la pêche.
Déclin de la grande pêche et transition difficile (1960-1970)
La pêche à Fécamp entre 1960 et 1970 est une période charnière marquée par une certaine stabilité au début, suivie d’un déclin progressif de la pêche traditionnelle et des tentatives d’adaptation à de nouvelles pratiques. Les infrastructures portuaires de Fécamp ont connu une période de transition, marquée par des défis économiques et techniques qui ont mis en évidence les limites de leurs installations face aux évolutions du secteur de la pêche et du transport maritime.
La pêche
Déclin de la pêche à la morue
Au début des années 1960, la pêche à la morue à Fécamp conserve une importance majeure. En 1960, le port enregistre des apports de 23 780 tonnes de morue, un chiffre légèrement supérieur à celui de 1959. Le négoce de la morue est considéré comme satisfaisant en termes de volume, bien que la dimension des prises (gros poissons) pose un problème de marché. Fécamp reste le premier port morutier français. Malgré la stabilité initiale, une diminution des apports de la grande pêche commence à se manifester au milieu des années 1960. Les apports de morue salée diminuent de 25 000 tonnes en 1968 à 17 000 tonnes en 1969. Les sécheries de morue et les ateliers qui traitent la morue salée emploient environ 700 personnes. La production de morue congelée augmente, bien qu’elle reste modeste par rapport à la pêche salée. En 1969, les apports de morue surgelée sont de 3 480 tonnes, en légère baisse par rapport à 1968 (3 850 tonnes). Le développement de la congélation est un phénomène frappant, avec une production qui a décuplé en dix ans à l’échelle nationale. Fécamp a tardé à opter pour la congélation, contrairement à d’autres ports.
Les difficultés de la pêche fraîche
Fécamp est également un port de pêche fraîche, avec une production d’environ 7 000 tonnes en 1965. Les espèces les plus représentatives de la pêche fraîche sont le hareng, le maquereau et les gros poissons (colin, morue). La pêche fraîche souffre de la proximité de Dieppe et surtout de Boulogne. Il n’y a pas de criée à Fécamp et les chalutiers livrent souvent à Boulogne ou Douarnenez. Les armements fécampois ont gardé une structure familiale, ce qui a limité leur capacité à investir dans de nouvelles technologies et de nouveaux navires. À partir de 1965, la pêche industrielle a commencé à être abandonnée, ce qui a eu un impact significatif sur le port et ses infrastructures. Les armements ont dû faire face à une concurrence accrue, notamment de Boulogne-sur-Mer. La pêche fraîche a continué d’exister, mais elle était concurrencée par d’autres ports mieux équipés. En 1966, la mise en service d’un petit chalutier pratiquant la pêche par l’arrière, l’Yportais, a marqué une timide évolution, mais l’achat d’unités anciennes a continué la même année.
L’arrivée de la congélation
La pêche est en difficulté en France et Fécamp est donc particulièrement touchée. Les problèmes sont liés à la recherche d’une meilleure rentabilité, face à une concurrence accrue. La flottille de grande pêche se modernise cependant avec l’arrivée des chalutiers-congélateurs. Des efforts de concentration sont menés, notamment avec la création en 1963, sous l’égide de la Société normande des produits de la pêche, de la société Servifrais qui traite les aliments surgelés, poissons mais aussi crustacés, légumes et fruits. Fécamp tente de combler son retard dans ce domaine. Cet effort de concentration a commencé en 1969 avec la construction d’une nouvelle usine sur la zone de Babeuf. Le tonnage du poisson congelé est dix fois plus important qu’en 1963.
L’industrie navale
En plus de la pêche, des activités annexes se développent, comme la construction et la réparation de bateaux. La métallurgie fécampoise exporte du matériel de pêche. « La construction et la réparation des bateaux en bois sont assurées par les Chantiers navals de Normandie qui possèdent des chalutiers à Boulogne et à Dieppe ne venant à Fécamp que pour les réparations. » [GAY, 1970] L’activité industrielle de la région de Fécamp a connu une stagnation relative pendant cette période. Le port a conservé sa physionomie traditionnelle, mais a commencé à montrer des signes de difficulté à s’adapter aux changements du marché, notamment en ce qui concerne la pêche.
La navigation de plaisance
L’évolution démographique de Fécamp montre une rupture brutale à partir de 1960, avec un effort intense de construction de logements. La population augmente lentement de 1901 à 1936, puis plus rapidement à partir de 1960. Toutefois, la suppression de la Saint-Pierre des marins en 1969 et la crise sociale de 1968-69 marquent un tournant dans l’évolution de la grande pêche à Fécamp. La pêche à la morue n’est plus une activité aussi structurante pour la ville. A partir de 1966, les projets des communes et chambres de commerces du littoral sont acceptés par le Département. Dès le début des années 1970, les ports de plaisance de Saint-Valéry-en-Caux, Fécamp puis du Tréport voient le jour. Néanmoins, en dehors de ces initiatives locales, aucune réelle volonté politique départementale ou régionale ne met en avant le tourisme. En 1969, un rapport de l’Université de Caen a souligné les problèmes du tourisme anarchique et la dégradation des sites. La thèse de Clary, début 1970, a exprimé un certain pessimisme quant à l’avenir du tourisme littoral normand, en raison du manque de services touristiques et de projets régionaux concertés.
Conclusion
En résumé, la période 1960-1970 est une décennie de changements pour Fécamp. Bien que la pêche à la morue reste une activité importante, des signes de déclin apparaissent et des tentatives d’adaptation se mettent en place. Le port est confronté à la nécessité de se moderniser et de se diversifier, face aux évolutions du marché et à la concurrence. Les infrastructures portuaires de Fécamp entre 1960 et 1970 ont été caractérisées par une stagnation relative et un manque d’adaptation aux nouvelles exigences du marché de la pêche et du tourisme. Les infrastructures ont été conçues pour la grande pêche, en déclin, et n’ont pas su évoluer pour la pêche côtière ou le tourisme.
Reconversion et difficultés (1970-1980)
Entre 1970 et 1980, les infrastructures portuaires de Fécamp ont subi des transformations importantes, marquées par un déclin de la pêche traditionnelle et une tentative de reconversion vers d’autres activités. Cette période est caractérisée par l’abandon progressif de la grande pêche au large et une réorientation vers la pêche côtière artisanale. La pêche à Fécamp entre 1970 et 1980 est marquée par l’accentuation du déclin de la grande pêche et des tentatives de reconversion vers d’autres types de pêche.
La crise de la pêche
Dans les années 1970, la crise de la pêche a touché particulièrement Fécamp, où la pêche et les activités connexes fournissaient environ 40 % des emplois. Fécamp, autrefois le premier port morutier de France, a vu son activité de pêche lointaine décliner rapidement durant cette période. La pêche à la morue, qui était une tradition de longue date à Fécamp, a connu des difficultés. Toutefois, en 1973, Fécamp armait encore 50 % de la flotte morutière française.
Les armateurs fécampois ont du mal à saisir la nécessité de se reconvertir vers la pêche artisanale et côtière. Le secteur de la pêche fraîche souffre aussi de la proximité de Dieppe et de Boulogne. L’effort de modernisation de la flotte a été jugé trop tardif. Fécamp n’a pas su s’adapter à la demande croissante de poisson congelé et s’est obstiné à travailler avec des bateaux saleurs. La flotte fécampoise compte encore douze unités de pêche à la morue, dont trois saleurs-congélateurs, le Viking III, le Marie-de-Grâce, le Névé. Ce manque de transition a contribué au déclin du port. En 1980, le dernier bateau français pratiquant la salaison à bord, le Shamrock, a été désarmé à Fécamp.
La Compagnie générale de grande pêche s’est orientée vers la pêche au thon avec le Jacques-Cœur, qui était exploité à Concarneau mais donnait du travail aux usines de Fécamp. De plus, la construction à Saint-Malo du Côte-de-la-Vierge, un chalutier de pêche fraîche pour la Société d’armement des saleurs fécampois, a marqué une date importante. On n’avait pas construit de chalutier depuis dix ans du fait des incertitudes du marché. En outre, le navire, de conception moderne, est le plus important de ce type jamais réalisé en France (48 mètres). Sa cale est conçue pour être transformée éventuellement en chambre à congélation.
L’industrie de la pêche
Le maintien du complexe halio-alimentaire conserve un lien avec le monde de la pêche, mais de nombreux fécampois se déplacent vers les industries de la Basse-Seine pour trouver du travail. La reconversion vers la pêche congelée met aussi Fécamp en concurrence avec d’autres pays. Il y a une nécessité de définir une nouvelle politique de pêche et d’obtenir une aide de l’Etat. De plus, les infrastructures portuaires, conçues pour ces types de pêche, sont devenues obsolètes et inadaptées. Cependant, il convient de nuancer cette impression négative. Face à la crise de la grande pêche, des efforts de diversification ont été entrepris. La crise énergétique des années 1970 a conduit l’État à développer des infrastructures énergétiques sur le littoral. Le terminal pétrolier d’Antifer (1973-1975) et les centrales nucléaires de Paluel (1976-1986) et de Penly (1981-1989) ont profondément transformé la côte, mais sans apporter de bénéfices directs aux infrastructures portuaires de Fécamp.
Une difficile implantation de la pêche artisanale
Contrairement à Dieppe, où la pêche artisanale s’est développée, Fécamp n’avait pas d’activité artisanale établie. La région continuait de former des marins pour la pêche lointaine et industrielle, mais il manquait une structure pour la petite pêche côtière. Fécamp a tenté de se reconvertir à la pêche artisanale, aidé par un plan de relance des pêches artisanales. Les apports de poisson à Fécamp ont considérablement diminué durant cette période. En 1967, les apports étaient de 37 471 tonnes, alors qu’en 1982, ils n’étaient plus que de 4 000 tonnes. En 1978, Fécamp a enregistré 770 tonnes de coquilles Saint-Jacques, témoignant d’une tentative de reconversion. Ajoutons que durant cette décennie Boulogne est devenu un des grands ports de pêche européens, tandis que Fécamp a perdu de son importance.
Conclusion
En résumé, la décennie 1970-1980 a été une période difficile pour la pêche à Fécamp, marquée par le déclin de la grande pêche, un manque d’adaptation aux nouvelles exigences du marché (comme la congélation) et des difficultés à se reconvertir vers la pêche artisanale. Malgré quelques tentatives de diversification, le port a subi une crise importante et n’a pas su se repositionner comme d’autres ports de la région. Les infrastructures portuaires de Fécamp entre 1970 et 1980 ont connu une période de déclin et de difficultés face aux mutations de la pêche et du transport maritime. Le port n’a pas su s’adapter aux nouvelles technologies et aux nouvelles demandes du marché, et les politiques régionales ont favorisé d’autres développements sur le littoral, notamment énergétiques.
Fin de la grande pêche et difficultés économiques et sociales (1980-1990)
La pêche à Fécamp entre 1980 et 1990 est une période de crise profonde et de déclin continu de la grande pêche, avec des tentatives de reconversion difficiles et peu fructueuses. Les infrastructures portuaires de Fécamp ont continué à subir des transformations importantes, marquées par une tentative de revitalisation après le déclin de la grande pêche, tout en faisant face à des défis économiques et structurels persistants. Cette période est caractérisée par une recherche de nouvelles orientations et une adaptation aux mutations du secteur maritime.
Arrêt de la grande pêche
Durant cette décennie, la grande pêche à Fécamp s’effondre, marquant la fin d’une tradition séculaire. La pêche morutière, qui avait fait la renommée de Fécamp, disparaît presque complètement. En 1987, le départ du Dauphin, son dernier navire de pêche morutière, marque la fin définitive de cette activité. Comme nous l’avons vu, contrairement à d’autres ports comme Dieppe, Fécamp n’a pas réussi à opérer une reconversion efficace vers la pêche artisanale ou d’autres types de pêche. L’activité artisanale, qui n’existait pas auparavant, a eu du mal à s’implanter, laissant le port en difficulté. La reconversion de la flotte de pêche salée vers la pêche congelée n’a pas eu le succès escompté. Les chiffres des apports de poissons témoignent de cette crise. En 1967, Fécamp avait enregistré 37 471 tonnes de produits marins, mais en 1982, ce chiffre chute à seulement 4 000 tonnes. Cette baisse met en évidence la désagrégation du port en tant que centre de pêche majeur.
Une reconversion manquée ?
La crise de la pêche a entraîné des conséquences économiques et sociales importantes pour Fécamp. La pêche et les activités liées représentaient une part importante des emplois de la ville, et leur déclin a entraîné des difficultés pour la population. De nombreux marins ont perdu leur emploi. Pendant ce temps, d’autres ports se spécialisent. Dieppe, par exemple, s’est spécialisé avec succès dans la pêche artisanale et le dragage de la coquille Saint-Jacques. Cette spécialisation a permis à Dieppe de devenir un modèle pour d’autres ports de pêche de taille moyenne en France. Fécamp n’a pas su rivaliser avec ces ports dans ce domaine.
La reconversion manquée à Fécamp est due en partie à des facteurs humains, notamment un manque d’adaptation et de flexibilité face aux changements du secteur. Les marins de Fécamp étaient traditionnellement formés à la grande pêche et avaient du mal à se tourner vers la petite pêche côtière. Malgré le déclin général, quelques activités ont subsisté ou se sont développées de façon limitée. On note par exemple une tentative de reconversion vers la pêche à la coquille Saint-Jacques, avec 770 tonnes débarquées en 1978. Pour son industrie de la pêche, Fécamp dépend désormais des livraisons d’autres ports comme Bordeaux et Saint-Malo.
Des infrastructures inadaptées
Les installations portuaires, conçues principalement pour la grande pêche morutière, sont devenues inadaptées aux nouvelles activités de pêche côtière et artisanale. Le port a manqué le virage de la congélation et s’est accroché à la technique de salaison, ce qui a contribué à son déclin. Les infrastructures portuaires sont restées en grande partie les mêmes que celles construites selon le plan Freycinet, avec des limites qui empêchaient l’entrée de navires plus grands. Les navires de plus de 100 mètres de long et de plus de 5 à 6 000 tonnes ne pouvaient pas franchir les écluses. Le slipway existant n’était pas adapté aux congélateurs modernes.
Malgré des investissements d’environ 25 millions de francs depuis 1945, le port n’a pas été en mesure de se moderniser suffisamment pour faire face à la concurrence des autres ports. Un rapport de 1982 indiquait que la Seine-Maritime avait reçu seulement deux millions de francs sur les 548 millions attribués aux stations littorales en France, ce qui illustre le manque de soutien financier à l’échelle nationale. Les équipements à terre, tels que les saurisseries, les chambres froides et les usines de conditionnement, qui étaient cruciaux pour l’économie du port, ont été menacés par le déclin de la pêche. Ces installations étaient souvent la propriété des compagnies de pêche.
Une politique touristique timide
Bien que le développement de la plaisance ait été envisagé comme une piste de reconversion, le port de Fécamp n’a pas pu rivaliser avec d’autres ports comme Dieppe qui avaient des projets plus ambitieux. Les infrastructures à terre et les équipements de loisirs n’ont pas été suffisamment développés pour attirer une nouvelle clientèle. Les liaisons routières et ferroviaires ont été améliorées dans la région, notamment avec la construction des autoroutes A28 et A29, mais cela n’a pas profité au port de Fécamp comme il aurait pu l’être. L’autoroute A13, qui reliait directement Paris aux stations de la Côte Fleurie, a défavorisé les stations cauchoises comme Fécamp.
En 1985, une politique touristique s’est mise en place avec la rédaction du premier schéma touristique départemental quinquennal en 1986. Les contrats de Station et de Pays Côtiers ont encouragé la rénovation des stations anciennes et la complémentarité entre le littoral et l’arrière-pays. Le département de la Seine-Maritime, la région Haute-Normandie, l’Europe et les collectivités locales ont débloqué d’importants budgets pour structurer et développer le tourisme sur la Côte d’Albâtre. Suite à la rénovation pionnière du front de mer du Tréport en 1986, Fécamp s’est également lancé dans d’importantes opérations de rénovation.
Conclusion
En résumé, la période 1980-1990 est une décennie noire pour la pêche à Fécamp, marquée par la disparition de la grande pêche et des difficultés majeures à se reconvertir. La ville a subi une crise profonde, contrairement à d’autres ports qui ont su s’adapter aux changements du secteur. Le port de Fécamp perd son rôle de centre majeur de la pêche. Les infrastructures portuaires de Fécamp ont souffert d’un manque d’adaptation et d’investissement pendant les années 1980 et 1990, ce qui a contribué à la crise du port et au déclin de ses activités traditionnelles. Les infrastructures sont restées en grande partie inchangées par rapport à celles du début du 20e siècle, limitant ainsi le potentiel du port à s’adapter aux nouvelles exigences du marché et de la pêche moderne.
Gestion des ressources et préoccupations environnementales (2010 à 2025)
La pêche à Fécamp entre 2010 et 2025 a été une période de hauts et de bas, avec des défis et des succès notables, en particulier concernant la pêche à la coquille Saint-Jacques et au hareng. Depuis le 1er janvier 2025,
La pêche artisanale
La pêche à la coquille Saint-Jacques
En 2018, des accords ont été conclus entre les pêcheurs français et anglais concernant la pêche à la coquille Saint-Jacques, mais ces accords ont parfois été fragiles, avec des tensions et des affrontements en mer. Les pêcheurs français sont soumis à des règles et un calendrier strict (interdiction du 15 mai au 1er octobre), tandis que les pêcheurs britanniques peuvent pêcher dans les eaux normandes.
Les saisons de pêche à la coquille Saint-Jacques ont varié considérablement d’une année à l’autre. Par exemple, la campagne de 2018 a été décevante en raison de la petite taille et du manque de corail des coquilles. En 2019, la saison a été qualifiée de « normale » après une année exceptionnelle en 2018. En 2021, la qualité était au rendez-vous, avec des noix de bonne taille et plus de corail, mais les prix étaient élevés. En 2023, la saison a commencé de manière prometteuse, avec des coquilles de bonne taille, mais l’enthousiasme était plus prononcé pour la Bretagne que pour la Normandie. En 2024, une année record a été annoncée pour la pêche à la coquille Saint-Jacques, avec une biomasse importante dans la baie de Seine.
En 2018, l’ouverture de la pêche à la coquille se fait en plusieurs étapes : d’abord au large, puis dans le « proche extérieur » et enfin dans la baie de Seine. La baie de Seine est une zone particulièrement importante pour la pêche à la coquille. En 2020, la pandémie de COVID-19 a eu un impact sur la pêche, avec une fermeture temporaire des gisements de coquilles Saint-Jacques. Les pêcheurs ont reçu des kits anti-COVID (masques et gel hydroalcoolique). La crise sanitaire a également perturbé les prix du poisson, notamment du bulot. L’ouverture de la pêche en baie de Seine a été avancée en 2021 en raison de l’abondance des coquilles. Les ressources en coquilles Saint-Jacques ont connu des variations importantes. La réglementation a évolué pour préserver la ressource, notamment en limitant les temps de pêche et la taille des navires. Des études menées par l’IFREMER ont permis d’évaluer les stocks de coquilles et de prévoir les ouvertures de pêche.
Les prix de la coquille Saint-Jacques ont fluctué en fonction de l’offre et de la demande, ainsi que des coûts de criée, de la TVA et des pertes en eau. Les prix peuvent être élevés au début de la saison, puis baisser progressivement. Il y a parfois eu des inquiétudes quant à une baisse des prix en cas de trop grande abondance de coquilles. La pêche à la coquille Saint-Jacques est essentielle pour la flottille normande. Elle représente une part importante de l’activité de la criée de Fécamp.
La pêche du hareng
Le hareng est un symbole historique de la pêche à Fécamp. La ville organise chaque année une fête du hareng. Il est devenu de plus en plus difficile de pêcher le hareng en grande quantité au large de Fécamp. Les chalutiers spécialisés dans la pêche au hareng sont moins nombreux. Le hareng peut provenir d’autres ports, comme Boulogne-sur-Mer. Lors de la fête du hareng, le poisson est proposé frais, grillé ou mariné. La coquille Saint-Jacques est également présente lors de cet événement. La Criée de Fécamp souhaite développer une Indication Géographique Protégée (IGP) « hareng de Fécamp » pour valoriser le savoir-faire local. Un nouveau ponton a été construit dans le port de Fécamp pour les bateaux de pêche côtière. La criée de Fécamp est désormais équipée de viviers à crustacés permettant une meilleure conservation.
Surpêche et concurrence étrangère
La présence de chalutiers géants, notamment de sociétés néerlandaises, a suscité des controverses. Ils sont accusés de concurrence déloyale avec les pêcheurs artisans. Ces chalutiers peuvent pêcher d’énormes quantités de poissons, ce qui inquiète les pêcheurs locaux. La surpêche et l’impact de la pêche industrielle sont des sujets de préoccupation pour les pêcheurs normands. Des inquiétudes persistent quant à l’épuisement des ressources et à la destruction de la biodiversité. Les pêcheurs normands doivent s’adapter aux quotas, aux aires marines protégées et à d’autres contraintes.
Des aides financières ont été mises en place par la Région Normandie et l’Union Européenne pour soutenir la filière pêche et aquaculture. Ces aides ont permis de financer des projets d’innovation, de modernisation de la flottille, de formation et d’installation de jeunes pêcheurs. Également, des campagnes de promotion ont été lancées pour encourager la consommation de produits de la mer locaux, comme le bulot et pour attirer les jeunes vers les métiers de la pêche. Un nouveau ponton a été construit dans le port de Fécamp pour les bateaux de pêche côtière.
Les infrastructures portuaires
Le port de Fécamp dispose de trois quais dédiés à la plaisance. Le port possède 5 bassins, un chenal d’accès de 220 m de long et 70 m de large. Cependant, les écluses limitent l’accès aux navires de plus de 85 à 90 mètres de long et de 13 à 14 mètres de large. Au fil du temps, le port a connu une augmentation des échanges internationaux, ce qui aurait pu contribuer à son développement. Malgré les investissements, le port n’a pas été modernisé en profondeur, ce qui a limité sa capacité à attirer des navires de grande taille. La proximité du port du Havre a également joué un rôle dans la limitation du trafic commercial.
Fécamp se projette avec une aire de réparation navale pour la pêche, qui devrait être mise en place avec un budget prévisionnel de 13 millions d’euros en 2024. Cette infrastructure devrait pouvoir accueillir cinq à six bateaux simultanément. Le port de Fécamp se prépare aussi à accueillir des activités liées à la maintenance des éoliennes offshore. L’accueil de la plateforme de maintenance du site éolien offshore de Fécamp est prévu dans le cadre du développement du port.
Le commerce maritime
En 2012, le port traite aussi des vracs tels que la néphéline, le feldspath, le sel, les engrais, les huiles animales et végétales, les graves de mer, les pulpes de betteraves et les céréales. Les marchandises conventionnelles incluent les pâtes à papier, le bois scié, les articles métalliques, les poissons congelés, les panneaux de particules et les colis lourds. Le port de Fécamp bénéficie d’une position intermodale privilégiée, à proximité des grands ports du Havre et de Rouen et au cœur d’une zone logistique performante. Il est également bien connecté au réseau routier européen. Le port a une capacité de 500 000 tonnes par an et des espaces de stockage disponibles. Il offre un service personnalisé et est certifié ISO 9002 / 2000 et OEA (Opérateur Économique Agréé).
Conclusion
En résumé, la pêche à Fécamp entre 2010 et 2025 a été marquée par des fluctuations importantes, des tensions entre pêcheurs, des défis environnementaux et des efforts d’adaptation. La coquille Saint-Jacques est devenue une ressource essentielle pour les pêcheurs locaux, tandis que la pêche au hareng, bien que toujours symbolique, a connu un déclin dans les eaux locales. La filière a bénéficié de soutiens financiers et d’initiatives pour promouvoir les métiers de la pêche et la consommation de produits locaux.


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